Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Petits Bouts d'Eternité
10 octobre 2012

Wrong

wrong

Dolph a une vie bien réglée. Réveillé tous les matins à 7h60, ses premières pensées vont vers Paul, son chien. Mais ce matin, Paul a disparu, et plus rien n'a de sens. Et ce n'est pas l'intervention du mystérieux Master Chang, défenseur de la cause animale et formateur en télépathie inter-espèce, qui va arranger les choses...

 

Quentin Dupieux nous a habitués à des films étranges. Des films absurdes plutôt. Des films "no reason" comme l'avancait Rubber... Wrong se rapproche peut-être plus de Steak, et pas uniquement parce qu'on y retrouve un Eric Judor, toujours aussi sobre et à qui le décalé va à merveille. Wrong est en effet plus construit et revient à un niveau de narration plus abordable que Rubber.

On parle souvent de l'univers décalé de Dupieux, mais son univers c'est bien le nôtre, dans toute sa terrifiante banalité. L'injection d'éléments farfelus, à nos yeux sans queue ni tête (un palmier californien qui se transforme en sapin, ou un bureau dans lequel il pleut en permanence) mais apparemment normaux pour les protagonistes, n'est là que pour mettre en lumière un quotidien en réalité devenu invisible. En semant ses anomalies, Dupieux attire notre attention sur ce qu'il y a autour, sur ce qu'on ne voit plus. Et ça, c'est brillant.

Mais ce n'est pas tout.

De cette atmosphère pourtant si banale, il parvient à faire émerger un sentiment de malaise. Une tension, qui se dégage d'un environnement étrange, où l'on perçoit que quelque chose ne tourne pas rond, sans parvenir à mettre le doigt dessus (puisqu'apparemment ça n'a rien à voir avec le fait qu'un étron puisse avoir des souvenirs...). Cette ambiance presque cauchemardesque, qui n'est pas sans rappeler Lynch ou Bunuel, met en lumière l'aspect opressant de notre quotidien si bien réglé.

En définitive, il faut souligner que l'un des atouts majeurs de Wrong, c'est de nous permettre enfin, pendant 90mn, de ne pouvoir strictement RIEN anticiper. Et ça, dans le monde si calibré qu'est le cinéma d'aujourd'hui, c'est un véritable luxe !

 

Wrong, Quentin Dupieux (sortie le 5 septembre 2012)

Avec Eric Judor, Jack Plotnick, William Fichtner - France - 1h34

3_COEUR

 

 

En bref :

Après Steak et Rubber, Dupieux (MrOizo) continue à explorer un univers décalé. Film absurde, Wrong dérange : dans un monde (cinématographique) où tout est tellement calibré, on n'est plus habitué à l'inattendu. Or outre ses belles images et ses acteurs inspirés, Wrong a la formisable qualité de nous permettre, pendant 90mn, de ne RIEn anticiper. Cette démarche en elle-même vaut tous les défauts du film !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité